lundi 9 juin 2008

Extrait du Livre Blanc:


L’AVENIR


C’est un mot banal, qu’on apprend dès le plus jeune âge sans savoir qu’il renferme des trésors.

Le cataclysme vécu a rayé ce mot de mon esprit, je ne l’imagine pas tellement je suis prisonnier de cet être immonde qui me paralyse les neurones de ma vie.

L’avenir, au début, quand je me lève c’est de savoir à quelle heure je vais mourir, comment je vais y parvenir car les souffrances vous abreuvent.

Le matin est la continuité de la nuit où vous avez pourchassé votre agresseur sans jamais l’attraper, il connaît tous les subterfuges, il passe à travers les murs, il est là, vous nargue.

La première fois que le psy m’a demandé quel était mon avenir, j’ai mis un point d’interrogation et puis je me suis évadé dans LA CREUSE, avec des vaches, des poules, des lapins, des espèces qui ne risquent pas de me tuer.

L’avenir se résume à la journée.

Au fur et à mesure que la thérapie vous aide, elle se rallonge d’un jour à plusieurs jours pour finir dans le néant car LUI est toujours là.

La guerre que vous menez pour que le mot avenir refasse parti de votre vocabulaire est une guerre de tranchée contre un ennemi invisible, mais qui détient les commandes.

Le monde est là mais il vous est étranger, vous êtes qui ? Personne !

L’avenir c’est de pouvoir recommencer à refaire les gestes quotidiens qui sont tellement anodins quand vous êtes en forme. C’est marcher la tête haute, c’est accepter que vous ne serez plus comme avant, c’est se dire que vous êtes en vie. AH ! La vie.

L’avenir c’est de pouvoir recommencer à parler aux gens.

L’avenir c’est accepter qu’on vous dise : « C’est bien, votre cicatrice est dans le sens de la ride. ».

« Finalement il vous a bien coupé, heureusement que c’était un cutter ! »

Mais l’avenir n’a plus de date, le temps s’est arrêté; j’ai l’impression d’avoir perdu la notion de ce temps précieux qui faisait que je pouvais faire des projets.

L’avenir sera le jour où je m’inscrirai dans un projet, avec une date, un contenu, une envie de vivre.

Le temps recommence à tourner quand votre travail avec le psy a libéré une case de plus et s’est approché du noyau dur, de l’endroit où l’agresseur se cache.

Certains sont à la recherche de leur passé, moi je suis tourné vers le futur qui ne vient pas, qui se refuse à moi, qui apparaît de façon intermittente.

Je saisis ces moments pour échafauder des projets à court terme, le long terme, qu’est ce que c’est ?

Je veux bien me projeter dans un monde loin de toutes mes préoccupations, là où je ne pourrais voir que le soleil, des grands espaces, mais je sais qu’il faudra revenir sur terre et l’atterrissage sera difficile.

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